Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/121

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Tandis que Christophe publiait un Plan général de défense pour son royaume, que le général Prévost publiait aussi un écrit intitulé : Le Machiavélisme du cabinet français, pour exalter les populations du Nord et de l’Artibonite et les préparer à la guerre qui menaçait Haïti[1], Pétion proclamait son adresse au peuple et à l’armée. La voici :

« Jamais il ne se présenta une époque plus intéressante dans les fastes de la République, que celle dont vous venez d’être les témoins, et où le caractère national devait se manifester d’une manière plus magnanime.

Haïtiens, nous avons combattu depuis vingt-quatre années pour nos droits, notre liberté. Notre indépendance a été le fruit de nos travaux : sans elle, point de sécurité, point de garantie de notre régénération. Déjà connus par notre réputation militaire et des qualités honorables, les yeux sont ouverts sur nous, et l’on attend le résultat de notre conduite : elle sera un exemple pour la postérité. Je ne rappellerai aucun de ces traits glorieux qui ont distingué les hommes qui se sont immortalisés en soutenant la liberté : l’histoire ne les a pas oubliés, elle en perpétuera la mémoire.

Je parle à un peuple enflammé des rayons les plus purs du patriotisme, libre de fait et de droit, et qui ne cessera de montrer à l’univers qu’il en est digne. Grandeur, générosité, sont les élémens naturels du patriote. J’ai toujours reconnu en vous ces nobles qualités, et je viens d’en acquérir une nouvelle preuve dont je m’honore de vous témoigner l’expression la plus vive de mon cœur.

  1. Vastey publia un écrit intitulé : Le système colonial dévoilé ; Prézeau, un autre en réfutation de la lettre de D. Lavaysse à Christophe ; Dupuy, deux autres réfutant également le pamphlet de H. Henry.