Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/128

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indépendant et souverain ; d’avoir livré à la publicité cette correspondance et son manifeste à l’adresse de cette puissance et des nations civilisées ; d’avoir fait réimprimer les actes de 1804 pour enflammer de nouveau le patriotisme des citoyens ; d’avoir ordonné aux chefs militaires toutes les mesures de défense du sol sacré de la Liberté ; recommandé aux magistrats, aux fonctionnaires publics, d’entretenir l’union entre leurs administrés pour mieux résister à une invasion ; prescrit la confection de nombreuses torches incendiaires afin que, dans ce cas, « les villes disparussent et que la Nation fût debout : » — il lui parut encore nécessaire de renouveler, dans toute la République, la cérémonie religieuse et militaire du 1er janvier 1804, pour y prêter le serment prononcé par les Fondateurs de l’Indépendance. Il fallait que la France comprît que cette résolution était irrévocable de la part des Haïtiens.

Depuis 1808, cette fête nationale avait cessé d’être ainsi solennisée, à cause de la mésintelligence survenue entre le sénat et le président, de la scission du Sud, du deuil profond qu’éprouvaient tous les cœurs, des maux de la patrie occasionnés par la guerre civile. Mais, le 1er janvier 1815 était une occasion toute convenable pour qu’elle pût être célébrée avec pompes.

À cet effet, le 29 décembre, un programme en fixa les détails. Le 1er janvier, le sénat se réunit à son palais, et tous les corps de l’État, les commerçans nationaux et étrangers, les instituteurs publics et leurs élèves, s’y réunirent aussi. Le Président d’Haïti s’y rendit avec un nombreux état-major de généraux et d’officiers de tous grades, et fut accueilli avec un profond sentiment de satisfaction. Là il reçut une adresse présentée par les com-