Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/129

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merçans étrangers de toutes les nations, qui le félicitèrent d’être à la tête d’un peuple résolu à combattre pour son indépendance, et le remercièrent de nouveau d’avoir pris leur défense contre les inculpations injustes de D. Lavaysse ; ils y joignirent des vœux pour le bonheur et le salut de la République. Pétion répondit de vive voix à cette adresse ; puis le cortège se rendit au Champ-de-Mars, où les troupes de la garnison du Port-au-Prince étaient assemblées au grand complet, avec la foule immense de sa population, hommes, femmes et enfans, accourus pour prendre part à la cérémonie.

Après un discours empreint d’un sentiment religieux de reconnaissance envers l’Etre suprême qui protégea Haïti dans la conquête de ses droits, et de cette modération qui l’accompagnait dans tous ses actes : évitant un langage offensant pour la France, — ce qui, dans la circonstance, était le gage le plus sûr de sa résolution à défendre le pays, — Pétion renouvela le serment suivant qu’il avait prêté aux Gonaïves :

« Jurons à l’univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer a jamais à la France ; de mourir plutôt que de vivre sous sa domination ; de combattre jusqu’au dernier soupir pour l’indépendance de notre pays ! »

Généraux, officiers et soldats ; magistrats et citoyens, réunis autour du chef de l’Etat et des sénateurs montés sur l’autel de la patrie, tous prêtèrent le même serment, et crièrent ensuite : « Vive l’Indépendance ! Vive la Liberté ! Vive la République ! Vive le Président d’Haïti ! » Toute l’artillerie de la place du Port-au-Prince se fit entendre en ce moment, pour consacrer cette mâle résolution du peuple haïtien qui, à la même heure, la renouvelait dans toute la République.