Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/176

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elle un officier de garde au palais, pour ordonner de retirer ce général des cachots et de le remettre au civil : ce qui se fît en présence de l’officier. On doit présumer que le président s’enquit du fait et de l’autorité par laquelle il avait été prescrit, à son insu. Lorsque la femme de Delva lui apprit la même chose à Volant, il s’écria tout d’abord : « Où est Boyer ? Appelez-le ! » et il écrivit l’ordre afin qu’elle pût retourner de suite en ville. On ignore ce que Pétion fit après son départ. Déjà, malheusement, il n’était plus temps ; car, lorsque cette infortunée fut rendue à la prison, après dix heures, le crime était consommé.

À cette époque, on a dit que trois ou quatre hommes, dont l’un était vêtu en uniforme de chasseur à cheval de la garde du gouvernement, s’étaient présentés à la prison ; que le chasseur avait exhibé au geôlier un ordre, écrit sur un titre de lettre du président et portant sa signature contrefaite, pour qu’il mît à mort le général Delva ; que le geôlier y déféra, avec d’autant plus de croyance dans la véracité de cet ordre, que ce général avait été préalablement mis aux fers ; que la porte du cachot ayant été ouverte par lui, en présence de l’officier et des soldats de garde à la prison, le chasseur vit le général Delva qui lisait, ayant une bougie allumée à côté de lui, et qu’il le tua en déchargeant successivement sur lui deux pistolets dont il était armé.

Lorsque la femme de Delva revint de Volant, le geôlier ne voulut point la laisser entrer dans la prison, parce que déjà, disait-il, la porte en était fermée, au terme du règlement de ce lieu. Elle passa par-dessous cette porte l’ordre que le président avait écrit, et le geôlier lui dit de revenir le lendemain matin. Le fut est, que cet ordre