Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/243

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On peut concevoir l’expression d’une telle admiration, par les secours que Bolivar avait reçus de Pétion au commencement de l’année ; mais aussi par l’appréciation qu’il put faire de toutes ses qualités éminentes, qui lui valurent de semblables éloges de la part de D. Lavaysse, parlant à son propre gouvernement. En ce moment, Bolivar voyait encore avec quelle dignité il recevait les commissaires français, des colons, forcés eux-mêmes de rendre justice aux procédés de Pétion envers eux.

Peu après, l’amiral Brion réussit à porter les compagnons d’armes de Bolivar à le rappeler auprès d’eux ; car son influence pouvait davantage pour le succès de la cause de l’indépendance de la Côte-Ferme. Pétion lui accorda de nouveaux secours en armes, munitions, etc., qu’il prit au Port-au-Prince et à Jacmel : là il s’embarqua sur la Diane le 26 décembre, cette fois, pour aller triompher définitivement de la puissance espagnole dans ces contrées[1].

Au moment où il adressait sa lettre à Pétion, le général Mina arrivait au Port-au-Prince sur le vaisseau le Calédonien, escorté de la corvette la Calypso, venant de Londres et en dernier lieu des États-Unis. Ce général s’était rendu célèbre, en Espagne, par la guerre de guérillas qu’il fit aux Français, de 1809 à 1814 ; mais il avait quitté son pays dans cette année pour se réfugier en Angleterre, à cause du despotisme de Ferdinand VII ; et il allait alors prêter son appui aux indépendans du Mexique, dans la lutte qu’ils soutenaient contre l’Espagne. La République d’Haïti, déjà renommée à l’étranger par la haute réputation de Pétion et sa sollicitude pour tout ce

  1. Nous aurons à examiner sa conduite envers Haïti, en 1821, à l’occasion du Congrès de Panama dont il fut le promoteur.