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plaça dans cette institution, comme pensionnaires de l’État, quelques enfans de militaires morts au service de la République, ou dont la pauvreté ne leur eût pas permis de payer les frais de l’instruction et de l’entretien des leurs. Ceux qui avaient de l’aisance et les particuliers s’empressèrent d’y mettre aussi leurs enfans. Bientôt, nous parlerons, dans l’ordre chronologique, du remarquable prospectus du Lycée qui fut publié par Colombel, secrétaire particulier du président et d’après ses ordres.

S’il s’intéressa à l’instruction des jeunes garçons, il ne fut pas indifférent à la bonne éducation des jeunes filles. Afin de fonder un pensionnat au Port-au-Prince, il fit venir Madame Drury, anglaise distinguée par son instruction et ses mœurs, qui habitait Kingston, ville de la Jamaïque : cette dame parlait fort bien le français. À l’imitation du président qui fit entrer dans cet intéressant établissement les jeunes personnes de sa famille, celles de la capitale confièrent leurs enfans aux soins de sa directrice.

Ainsi on peut dire que, si Pétion inaugura sa présidence à vie en défendant avec fermeté l’indépendance de son pays envers la France, il fondait en même temps deux institutions d’où sortiraient un jour des sujets capables d’apprécier cette précieuse conquête ; car l’instruction seule peut assurer la liberté et garantir la nationalité haïtienne.

À cette époque, deux respectables Quakers de Philadelphie vinrent visiter la République. Ils furent accueillis avec distinction par le président et par la population éclairée du Port-au-Prince. Sensibles à cet accueil, et satisfaits d’y trouver cette foule d’Étrangers de toutes les