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satisfaction qu’il éprouvait de ce que Daumec eût si bien apprécié ses sentimens pour le président.

De retour chez Lespinasse, Daumec alla avec lui, Arrault et Thézan au palais où ils firent savoir à Pétion la négociation qui venait d’avoir lieu ; et dans la même journée, Smith fit porter au trésor les 50 mille gourdes. En le remerciant de ce procédé qui avait le cachet d’une estime particulière pour lui, le président donna à ce jeune homme les témoignages de sa considération personnelle. Smith fut ensuite remboursé de cette somme.

L’armée put donc recevoir un mois de solde dès les premiers jours de février ; mais cet expédient ne pouvait pas se renouveler tous les mois, et cela ne pouvait qu’occasionner encore des soucis à Pétion.


Maintenant, à qui entendait-il adresser le reproche exprimé par les paroles qui lui ont été attribuées ? Le lecteur remarquera, sans doute, qu’elles concernaient plusieurs personnes et non pas une seule ; car nous les rapportons telles qu’elles nous ont été dites.

Si l’on ajoute foi à ce que le général Inginac a avancé dans ses Mémoires, publiés en 1843 à Kingston : « Des flagorneurs, dit-il, s’emparèrent de l’esprit du général Boyer, peu d’années avant la mort de Pétion. Ce général avait rendu d’éminens services à la patrie et au chef de l’État, son ami, son bienfaiteur ; personne ne l’ignorait. Cela lui donnait-il le droit de se ranger du côté des frondeurs de l’administration du grand homme, dont il censurait les actes, malheureusement trop souvent et publiquement, sans réfléchir aux conséquences du mauvais exemple ? Pétion s’en indigna, en concentrant en lui-même son déplaisir, et mourut le