Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/338

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Liberté, et arrêtons-les sur cet autel dédié à la Patrie ; en les reportant dans ce sanctuaire, consacré au Dieu de l’univers, nous nous sentirons pénétrés d’une émotion salutaire, qui élèvera nos âmes au niveau de celle de ce mortel révéré.

Il n’est plus, celui qui mérita le titre de Père de la Patrie ; celui à qui l’antiquité eût élevé des autels, et auquel la postérité confirmera le titre de Grand, que ses contemporains lui ont donné… Pétion n’est plus… et le génie d’Haïti, couvert d’un crêpe funèbre, le redemande vainement au destin. Le philanthrope, le héros bienfaiteur de sa patrie, le législateur qui consacre ses veilles à chercher les vraies sources de la félicité publique, le politique humain, le magistrat intègre, tous sentiront couler leurs larmes au récit de ses vertus et de sa gloire ; ils brigueront l’honneur d’imiter un homme qui réunissait toutes les vertus à un degré si éminent ; ils regretteront que le ciel les ait fait naître loin du théâtre où s’exerçait son influence, et qu’ils iraient pu participer au bonheur de vivre sous son gouvernement ; ils prendront plaisir à associer son nom à ceux des Titus et des Marc-Aurèle.

Je ne ferai pas le tableau de toutes les belles actions dont sa vie fut remplie, et qui ont illustré son gouvernement ; j’abandonne ces grands traits au pinceau de l’Histoire, et je me borne ici à vous offrir une légère esquisse de quelques circonstances que nous aimerons toujours à nous rappeler.

Alexandre Pétion, dès l’aurore de la révolution, montra ce grand caractère qui présagea ses hautes destinées ; toujours calme et réfléchi, il n’était pas soumis à l’effervescence des passions qui rendent les grands hommes si souvent inférieurs à eux-mêmes, en leur faisant