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rêta à Aquin, où il passa la journée en apprenant la mort du président ; le 1er avril, il se rendit au Petit-Goave où il passa encore la journée, et où il apprit l’élection de Boyer ; enfin il n’arriva à la capitale que le 2. Certes, s’il avait eu l’ambition de concourir à l’élection, il ne fût pas reparti pour le Sud dans le moment où il croyait voir le président gravement malade, après en avoir reçu tant de témoignages d’amitié durant son séjour au Port-au-Prince, et de la part des militaires et des citoyens, les preuves de sympathie qu’il y excitait toujours, depuis 1812.

Le général Lys ne mit pas plus d’empressement que Borgella à se rendre à l’invitation de Boyer. Le général Francisque arriva comme eux à la capitale, après que le nouveau président eût prêté son serment.

Du reste, ni eux ni aucun de leurs collègues n’eût voulu agir contrairement à ce qu’on croyait généralement être la pensée intime de Pétion ; car, s’il s’abstint de désigner son successeur, conformément à la constitution, il avait mis le général Boyer assez en évidence pour déterminer le choix du sénat en sa faveur.

Reconnaissons aussi franchement que, dans la situation des choses, Boyer devait paraître à tout esprit judicieux celui qui offrait le plus de garantie pour la continuation du système politique adopte par Pétion, — la chose la plus essentielle pour la République, — puisqu’il l’avait constamment défendu[1].

  1. C’est ce que dit le général Borgella à mon père, à son arrivée au Port-au-Prince, en apprenant qu’il avait été question de lui pour la présidence. « Il convient mieux, disait-il, que ce soit Boyer qui ait remplacé Pétion, puisqu’il a été toujours dans son intimité. Il pourra facilement opérer les réformes dont il m’a entretenu récemment, parce qu’on ne supposera de sa part aucun mauvais sentiment ; tandis que j’aurais été constamment l’objet de préventions, pour avoir été dans la scission du Sud. Au reste, à cette époque,