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ment des intérêts de l’État. Il devint ainsi l’arbitre de la vente des biens du domaine, dont chaque citoyen voulut bientôt avoir une portion en propriété, tant la confiance était grande dans la sage administration du chef de la République. Et le sénat n’eut-il pas raison de lui confier cette omnipotence, à lui qui avait pensé que la propriété serait le plus solide fondement de la société haïtienne, le vrai moyen d’assurer le bien-être des défenseurs de l’État et d’en faire de fidèles citoyens, attachés, dévoués à la patrie ?

Le sénat fit encore mieux dans ces circonstances ; sur la motion de l’un de ses membres, ce corps se rendant l’interprète et l’organe de la nation, reconnaissante des services éminens rendus au pays par Pétion tant dans l’ordre militaire que dans les travaux politiques, publia la loi du 4 novembre par laquelle il lui accorda deux habitations sucreries que le président tenait du domaine, à titre de ferme, pour en jouir en toute propriété : celle de Roche-Blanche, dans la plaine du Cul-de-Sac, et celle de Momance, dans la plaine de Léogane. Le sénat décerna aussi, par la même loi, une récompense nationale aux services rendus dans l’ordre civil, par J.-C. Imbert, administrateur général des finances. Voici les motifs de ces deux actes :

« Considérant que si les officiers généraux, adjudans-généraux et colonels en activité de service, ont mérité les bienfaits du gouvernement, le chef qui les commande, et qui, par sa sagesse, a su préserver la République des maux qui la menaçaient, mérite aussi la reconnaissance publique ;

« Considérant encore que les militaires ne sont pas les seuls qui aient des droits à la gratitude nationale ;