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En ce moment, des députés, envoyés par Christophe, arrivaient au Port-au-Prince. Ils étaient au nombre de quatre, et porteurs d’une proclamation par laquelle il invitait les généraux, les officiers de tous grades, les soldats et citoyens de la République, à se soumettre à son autorité royale, en promettant l’oubli du passé, le pardon des injures, la conservation de chacun dans ses fonctions, etc., enfin, comme il avait fait en 1815[1]. À cet effet, il s’était rendu à Saint-Marc au commencement de juin, et bien plus dans l’intention de profiter de toute chance que lui auraient laissée des divisions dans la République, par suite de la mort de Pétion et de l’élection de Boyer ; mais plusieurs soldats de son armée saisirent eux-mêmes leur rapprochement de nos lignes pour y passer en transfuges : c’était lui donner un avertissement utile à la conservation de sa couronne, et il y fit attention[2].

Quant à ses députés, arrivés le 1er juillet, jour où fut chanté à l’église un grand service funèbre en mémoire de Pétion, le président les reçut immédiatement après cette cérémonie religieuse, au milieu des généraux, des officiers de tous les corps, des fonctionnaires civils, des sénateurs et des représentans qui en revenaient avec lui. Il fit donner lecture de la proclamation royale, séance tenante : une explosion d’indignation éclata aussitôt dans

  1. Nous croyons nous rappeler que cette députation était composée du général Bottex, de L. Dessalines, d’Edouard Michaud et d’un quatrième dont le nom nous échappe. La proclamation dont ils étaient porteurs avait été rendue à Saint-Marc, le 9 juin : elle disait que Pétion était le seul obstacle qui s’opposait à la réunion des Haïtiens, etc.
  2. C’est en apprenant la prochaine arrivée de Christophe à Saint-Marc, que le général Toussaint Brave, qui en avait le commandement, prit la résolution de s’empoisonner, parce qu’il avait su que ce tyran le suspectait d’entretenir des relations avec le Port-au-Prince : ce qui était faux.