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leur indépendance de leur métropole, une foule d’aventuriers de toutes les nations s’étaient rendus dans la plupart des Antilles où s’armaient des corsaires, les uns sous pavillon mexicain, d’autres sous celui des États de la Côte-Ferme, pour faire la course contre les navires espagnols sortis des ports encore en possession de l’Espagne ou y venant d’Europe. Parmi ces corsaires, il y en avait qui étaient réellement pourvus de lettres de marque émanées des États indépendans ; mais il y en avait d’autres qui étaient de véritables forbans, des pirates qui infestaient la mer des Antilles, le golfe du Mexique, etc., pillant les navires de toutes les nations. La guerre entre les États-Unis et la Grande-Bretagne occasionna encore l’armement d’une foule de corsaires dans l’Union. Il en résulta que les équipages de tous ces navires en course se recrutaient partout des hommes que l’appât du gain alléchait. Quelques Haïtiens se laissèrent persuader d’y prendre du service, sans autorisation du gouvernement qui, d’ailleurs, ne l’eût pas accordée, à cause de la neutralité qu’il voulait garder entre les parties belligérantes.

En conséquence, le 12 mars 1813, le Président d’Haïti émit un ordre du jour ou arrêté par lequel il défendit à tout citoyen de la République de s’engager ainsi, sous peine d’un emprisonnement de trois années en cas d’arrestation, et du séquestre de ses propriétés pendant son absence ; et les capitaines des corsaires, contrevenant à la défense faite de recevoir des Haïtiens à leur bord, subissaient aussi, le cas échéant, un emprisonnement d’une année, et leurs bâtimens seraient confisqués.

Par suite de cette mesure, le 27 du même mois, le président adressa aux commandans d’arrondissement,