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du vénérable Évêque Henri Grégoire, pour en faire hommage au Sénat de la République et orner la salle de ses séances. Cet avis invitait les citoyens à concourir à une souscription, afin d’avoir une copie de ce portrait et de l’offrir au Président d’Haïti, pour le placer dans la salle principale de son palais : ce qui eut lieu.

C’est ainsi qu’Haïti possède l’image du philanthrope dont elle vénère la mémoire à si juste titre ; car Grégoire fut toujours constant dans ses sentimens d’amour bienveillant pour la race noire tout entière et pour les Haïtiens[1].

Il ne tarda pas, si déjà il ne l’avait fait, à entrer avec Boyer dans une correspondance intéressante à tous égards, surtout par rapport à la religion catholique dont il désirait la prospérité en Haïti, en donnant des conseils au président à ce sujet. À la même époque, Lafayette, Laîné de Villevêque, Morénas, etc., lui adressèrent des lettres où ils exprimaient toutes leurs sympathies pour les Haïtiens et les hommes de la même race[2].

La religion catholique, à laquelle Grégoire s’intéressait

  1. Le portrait de William Wilberforce aurait dû figurer à côté de celui de Grégoire, en attendant que le temps arrive où Haïti érigera des statues à ces deux hommes, qui sont à ses yeux la plus digne personnification de la philanthropie dans les deux pays qui s’intéressent le plus à la race noire.
  2. Le 1er juillet, le général Jacques Boyé adressa une lettre à Boyer, datée de Saint-Pétersbourg. Il lui fit savoir qu’ayant été fait prisonnier par les Russes, en 1812, il avait fixé sa résidence en Russie. Il se rappela au souvenir du président, en lui offrant ses services, soit pour des publications sur les journaux qui pussent détruire les fâcheuses impressions produites en Europe par celles que Christophe faisait faire dans les journaux anglais contre la République, soit pour entamer des négociations avec le gouvernement de Russie, s’il le jugeait convenable aux intérêts d’Haïti. C’est par suite de la correspondance suivie entre J. Boyé et le président, que le premier vint à Haïti à la fin de 1822.

    Dans cette année 1819, Pierre Pradères avait fait un voyage en France sur son navire chargé de denrées d’Haïti. Par intérêt pour la République, il se rendit à Paris afin d’y voir de grands personnages et de leur parler de la justice qu’il y aurait de la part de la France, à reconnaître l’indépendance du pays auquel il avait accordé tout son dévouement.