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de la 8e ; il cria qui vive et tira un coup de pistolet dans l’obscurité : les soldats firent feu sur lui et l’abattirent ; il n’était que blessé mortellement à la gorge. La révolte avait éclaté ! il fallait la soutenir ou périr : c’est ce que comprirent les militaires de la 8e, guidés par le sergent-major Antoine.

Les coups de fusil avaient donné l’alarme chez le général Romain, qui attendait vainement ce sous-officier, après avoir renvoyé les officiers qu’il avait réunis chez lui, pensant qu’il n’y avait eu que des propos tenus sans projet arrêté ; et ces officiers ne s’étaient même pas empressés de retourner à leurs postes. Mais alors, Romain comprit d’autant mieux ce dont il s’agissait, qu’on vint lui apprendre la mort de Jean Claude : il monta à cheval avec Bazin, et se mit à la tête de l’infanterie et de la cavalerie qu’il avait emmenées de la Petite-Rivière, afin de comprimer cette révolte.

Mais les officiers de la 8e avaient enfin rejoint leur corps qui était très-nombreux et que dirigea le chef de bataillon Constant Paul, officier aussi brave que méritant à tous égards : tous suivirent le mouvement des soldats. Romain se vit forcé de sortir avec ses troupes de l’enceinte de Saint-Marc, dans la nuit même ; il alla occuper les forts du dehors, notamment celui du Diamant qui domine cette ville, pour attendre de nouvelles forces. Il paraît qu’il adressa une dépêche à Christophe, l’avisant de cet événement, puisque le roi envoya des troupes du Nord sous les ordres du général Guerrier, qui devait rallier celles des Gonaïves et joindre Romain.

De leur côté, les militaires de la 8e, reconnaissant qu’ils auraient à soutenir une lutte sanglante, écoutèrent l’avis de leur commandant Constant Paul, qui leur conseilla de