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de cette multitude et de les ramener en lieu sûr, afin de négocier avec les chefs en révolte pour les faire respecter[1]

Nous ne pouvons dire où se trouvaient, ni ce que firent dans ces momens périlleux, les deux fils de Christophe : Eugène, l’aîné, enfant naturel d’une autre femme que son épouse, et Victor Henry, prince royal, qui était l’héritier présomptif de sa couronne. Mais, ces infortunés jeunes gens ne tardèrent pas à être le point de mire de l’ambition des chefs de la révolte du Cap. Quel que fût leur dessein ultérieur, ces chefs crurent qu’ils devaient impitoyablement y sacrifier ces deux rejetons de la dynastie fondée par Christophe : ils résolurent leur assassinat, en comprenant dans cet acte affreux plusieurs individus qu’ils détestaient. Le 18 octobre, ils firent tuer en même temps Victor Henry, Eugène, Vastey, les généraux Jean-Philippe Daut, Joachim Deschamps, Achille, Dessalines jeune et Toussaint.

Ce fut ce qu’il y eut de plus blâmable dans la révolution du 8 octobre ; car les fils de Christophe n’auraient pas été plus redoutables que ne le furent ceux de Dessalines, malgré l’hérédité instituée en leur faveur, sa royauté n’étant plus possible. Les autres victimes n’étaient pas plus coupables que bien des survivans, que ceux qui les firent tuer. Et quant au pillage des trésors du Cap, de Sans-Souci et de la citadelle, des couronnes et autres joyaux enrichis de pierres précieuses, des effets mobiliers qui ornaient les palais et châteaux royaux, des animaux qui se trouvaient dans les haras, il s’explique par la tyrannie même de Christophe qui avilit les âmes. La

  1. Ils conduisirent ces personnes abandonnées de tous, sur une petite habitation du nom de Lambert, près da Cap, qui appartenait à Madame Christophe.