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Cet acte fut accueilli avec un indicible enthousiasme par l’armée et le peuple du Nord, par la population du Cap, la première, qui l’entendit publier. Il terminait, enfin, une guerre civile de quatorze années entre des frères, enfans d’une même famille ; il mettait le sceau à la politique humaine d’Alexandre Pétion qui prédit sans cesse cet heureux résultat[1].

En arrivant à Plaisance, le 23 octobre, le Président d’Haïti reçut cet acte par ses aides de camp. Il s’empressa de l’adresser au Sénat de la République, en lui disant que les généraux du Nord ayant reconnu son autorité, ce département pouvait être considéré comme réuni sous la constitution qu’il allait proclamer au Cap. Toutefois, sa prudence l’avait porté à ne pas envoyer à ce corps, la copie de la dépêche des généraux, du 19, ni celle de sa réponse du 22 : il ne voulait pas que l’on conçût à la capitale, des inquiétudes sur l’issue des événemens, pendant que l’armée était en marche : ce ne fut que le 29 décembre suivant, à son retour du Nord, qu’il adressa copie de ces documens au Sénat.

Au fait, la reconnaissance de l’autorité de la République et au Président d’Haïti, par certains généraux du Nord, Romain et Richard surtout, n’était que simulée, par les circonstances qui les dominaient. Ils voyaient l’entraînement général du peuple et des troupes vers la cessation de toute hostilité, de toute division de territoire ; ils savaient que le président venait avec une armée de plus de 20 mille hommes, et ils se soumirent, avec l’ar-

  1. « Savez-vous ce qui me frappe ? C’est l’insuffisance de la force à rien fonder. Il y a deux puissances dans le monde : le sabre et l’esprit ; et, à la fin, l’esprit tue le sabre.  » — Napoléon 1er.