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perfides du gouvernement de la Restauration à l’endroit d’Haïti. Les philanthropes anglais plaidèrent la cause intéressante des noirs ; les journaux de leur pays se joignirent à eux pour reprocher amèrement au gouvernement britannique, d’avoir condescendu aux vues de celui de France pour la continuation de la traite pendant cinq années, dans la coupable intention de repeupler Haïti d’esclaves après l’extermination de sa population, puisque le chef de la mission française en avait fait l’aveu. En France même, des cœurs généreux appuyèrent les philanthropes et les journaux anglais.

Alors, le gouvernement britannique saisit cette explosion de sentimens humains, pour porter les autres puissances européennes à déclarer avec lui, que la traite des noirs devait généralement cesser dans tous les États de la chrétienté.

Cependant, le Roi de France, quoique Très-Chrétien, ne tenait aucun compte de ces idées généreuses, de ces sentimens d’humanité et de la déclaration de ses puissans alliés ; et après avoir désavoué la gaucherie du chef de ses agents, il faisait activer dans ses ports une formidable expédition militaire contre Haïti, quand la Providence renvoya en France le grand capitaine qui lui en avait tracé l’exemple funeste dans des temps antérieurs. Succédant aux Bourbons sur le trône français, et agissant sous l’inspiration de nouvelles idées et de nouveaux sentimens, Napoléon s’empressa de décréter l’abolition de la traite des noirs, en même temps qu’il donnait une autre direction aux troupes destinées à l’expédition, pour se maintenir sur le trône.

Dès lors, la cause d’Haïti fut gagnée au tribunal de l’opinion publique en Europe ; et la nouvelle Restaura-