Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/140

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la société haïtienne tous les hommes de la race blanche, et cependant il s’en trouvait un assez grand nombre sur ce territoire, qui étaient Européens ou réellement des descendans pur sang d’Européens, ou enfin qui y avaient toujours été considérés comme tels. Eux tous, mêlés aux indigènes de race africaine, descendans des Espagnols, avaient accepté la République d’Haïti et ses lois comme ces derniers. Fallait-il les exclure des avantages de l’égalité des droits, après avoir proclamé la liberté des esclaves ? La constitution, enfin, devait-elle être rigoureusement exécutée à l’égard de ces hommes dont beaucoup étaient propriétaires de biens immeubles ?

L’équité la plus stricte devait résoudre ces questions vitales. Peut-être que, parmi les hommes dont s’agit, un certain nombre avaient répugné ouvertement ou secrètement à voir flotter dans l’Est le pavillon haïtien ; mais, du moment qu’ils s’étaient soumis aux circonstances, comme avaient fait Nunez de Gacérès et ses adhérens, la raison voulait qu’ils fussent admis et considérés comme Haïtiens, s’ils étaient propriétaires de biens fonds et s’ils prêtaient serment de fidélité à la République et à sa constitution. Ce fut la décision que prit le Président d’Haïti. Il donna ses instructions à cet effet aux divers commandans d’arrondissement ; par là, on évitait de comprendre, dans les mêmes avantages les étrangers de plusieurs nations commerçantes qui n’étaient établis dans l’Est qu’à ce titre, et on agissait ainsi, de même qu’en 1804, 1806 et 1816.

Nunez de Cacérès lui-même, restant sans emploi, mais citoyen de la République, reçut les appointemens affectés au sénatoriat, dignité à laquelle il aurait pu être appelé par la suite, si sa conduite continuait à inspirer toute conhance en lui. Manuel Carabajal fut promu au grade d’ad-