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judant-général à l’état-major général : c’était un vieillard déjà presque aveugle.


Mais, pendant que Boyer prenait à Santo-Domingo une mesure politique qui conciliait les exigences de la constitution du peuple haïtien, avec ce que réclamait l’équité par rapport aux hommes de la race blanche trouvés dans l’Est, les individus de cette race, établis sur la presqu’île de Samana, agissaient d’une façon qui eût pu le porter à revenir sur sa décision, si les principes qui le guidaient n’étaient pas fondés sur la raison et la justice, qui ne doivent pas subir des variations au gré des événemens.

Après la déclaration de l’indépendance d’Haïti, un certain nombre d’anciens colons français, réfugiés dans l’Est sous la protection du général Ferrand, s’étaient fixés sur la presqu’île de Samana où ils avaient fondé des établissemens agricoles. Lorsque la population indigène se souleva contre ce général pour expulser les Français, des navires de guerre anglais avaient pénétré dans la baie et forcé le commandant de la presqu’île à capituler, le 10 novembre 1808 ; et en mettant les indigènes insurgés en possession de ce lieu, les Anglais leur avaient imposé la condition de respecter les personnes et les propriétés françaises[1]. Ainsi garantis, les colons de Samana continuèrent d’y résider sous le nouveau régime fondé par Juan Sanches et ses successeurs, qui maintinrent l’esclavage dans l’Est : ces colons possédaient des esclaves comme les autres planteurs, ils ne s’émurent point de la révolution du 1er décembre opérée par Nunez de Cacérès, puisqu’ils n’étaient pas menacés de perdre leurs pro-

  1. Voyez tome 7. page 252.