Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/142

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priétés pensantes. Mais lorsque survinrent les événemens passés dans le Nord-Est, en faveur de la République d’Haïti, ils comprirent que c’en était fait de l’esclavage ; ils craignirent une nouvelle expulsion de Samana, comme celle qui les avait frappés dans la partie occidentale. Cette crainte était fort naturelle de leur part, et ils avisèrent.

Or, en ces momens d’inquiétude, la frégate française la Duchesse-de-Berry, sous le commandement de M. Douault, arriva dans la baie de Samana qui, depuis les premiers jours de 1821, était fréquentée par les navires de guerre de la même nation. La présence de ces colons les y attirait ; ils veillaient aussi sur les côtes, pour la protection qu’ils devaient aux bâtimens marchands sortis de France et se rendant dans les ports haïtiens, contre les corsaires des indépendans de la Côte-Ferme dont nous avons parlé au commencement de ce volume. La frégate venait même de capturer deux de ces corsaires commandés par deux Français, nommés Rossignol et Mouchette, qui avaient pris et pillé un navire brémois dans ces parages. Après avoir relâché ce dernier, le commandant Douault amena les corsaires dans la baie : l’un d’eux se nommait ou fut nommé l’Utile. Peu de jours après le brig le Silène, capitaine Cuvillier, vint joindre la frégate.

Il faut dire ici, qu’au moment où Boyer allait partir du Port-au-Prince, un autre brig de guerre français y était arrivé et avait demandé et obtenu la permission de faire de l’eau. Le capitaine déclara qu’il était en croisière pour capturer les navires qui se livraient à la traite des noirs[1]. Et déjà, M. le comte Donzelot, gouverneur de la Martinique, s’était joint à l’amiral Jacob, commandant la station

  1. Voyez les Mémoires d’Inginac, page 61.