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navale, pour solliciter du Président la même autorisation de s’approvisionner d’eau et de bois, en faveur de tous navires de guerre français qui se trouveraient dans les parages d’Haïti, pour la même cause. À son arrivée à Saint-Jean, le Président avait été informé que la Duchesse-de-Berry était dans la baie de Samana.

Les colons de cette presqu’île voyant l’agitation des indigènes qui désiraient d’arborer le pavillon haïtien, proposèrent au commandant Douault de s’en emparer « pour la France ; » mais il refusa péremptoirement de commettre un tel acte, n’y étant pas autorisé. Cependant il leur conseilla d’avoir recours au comte Donzelot ; et à cet effet, ils formulèrent une adresse qui, étant soumise à ce commandant, fut déclarée inacceptable à cause des termes peu mesurés dans lesquels ils parlaient des Haïtiens et de leur chef. Une nouvelle adresse fut rédigée par le même individu, — A. Couret,[1] — qui était attaché au colon Clarac, lequel était le plus grand propriétaire de la presqu’île et commerçant au bourg de Samana. En conséquence, la goélette l’Utile fut expédiée, le 25 janvier, pour apporter cette adresse à la Martinique : deux des colons montèrent à son bord. L’Utile y arriva le 9 février seulement, ayant été contrariée par les vents.

Mais, dès le 30 janvier, Nunez de Cacérès, qui savait la marche de l’armée haïtienne, avait écrit une lettre au commandant Douault pour l’inviter à sortir de la baie de Samana, afin que Boyer ne crût pas à une connivence entre

  1. A. Couret, qui devint l’un des représentans du Port-au-Prince, en 1837, et qui fut membre de l’Opposition dans la Chambre. Je parle aussi affirmativement, parce que je tiens d’un témoin oculaire une note sur les événemens passés à Samana. Ce que je dis du commandant Douault repose sur des documens que j’ai lus au ministère de la marine, à Paris.