Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/18

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parties du monde s’efforcent d’opérer des révolutions libérales, et que les peuples, anxieux de fixer leur prospérité, se communiquent entre eux avec la rapidité de l’éclair, il me paraît très-difficile, pour ne pas dire impossible, aux gouvernemens de réprimer ceux qui vivent sous leur administration et qui, par la parole ou de toute autre manière, pensent qu’ils peuvent chacun examiner leur sort : ce qui ne nécessite point parmi eux des séducteurs. Depuis de longues années, le chef d’escadron Désir Dalmassy fait le commerce avec la partie espagnole où, pour ses affaires personnelles, il réside plus fréquemment que dans la République. Il est vrai qu’il voyage toujours avec le passeport du gouvernement, ce qu’exige une bonne police et ce qui est d’un usage commun ; mais il n’est pas le seul envers qui cette règle ait été pratiquée. Il n’a jamais été chargé d’aucune mission, et je l’ai toujours trop connu comme un citoyen prudent, pour croire qu’il ait pu agir d’une manière aussi inconséquente. Je ne trouve donc pas de raison, monsieur le général, pour qu’il soit qualifié de séducteur. Si j’aimais à prêter l’oreille à de semblables insinuations, à des réclamations, et que j’eusse voulu diriger des entreprises pour porter la perturbation dans la partie espagnole, il y a très-longtemps sans doute qu’elle aurait été troublée ; car Votre Excellence a assez d’expérience pour être certain, qu’autant là que partout ailleurs, il y a des hommes qui aiment à jouir de la liberté des innovations. Je conclus en assurant Votre Excellence que je ne désire d’autres titres que ceux de consolateur des opprimés et de pacificateur, et que mon épée ne dirigera jamais des armées pour faire des conquêtes ensanglantées. »

Cette réponse de Boyer fut ce qu’il fallait dans la cir-