Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/21

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Nous nous bornons à ces préliminaires, pour reprendre ce sujet après avoir parlé d’autres faits non moins importans.


En effet, si dans la partie de l’Est d’Haïti les esprits s’agitaient par diverses causes, dans sa partie occidentale les citoyens de deux départemens éprouvaient aussi une certaine inquiétude, par l’effet de l’ambition et du dépit orgueilleux de quelques généraux qui avaient servi aveuglément le cruel despotisme de Christophe. C’était dans l’Artibonite et dans le Nord que ces hommes d’un régime odieux aux populations essayèrent, par leurs intrigues, de troubler la tranquillité publique, dans des vues absolument personnelles.

Le dernier chapitre du précédent volume de cet ouvrage contient la dépêche que le général Richard et trois autres adressèrent au Président d’Haïti, le 19 octobre 1820, et où ils manifestèrent l’intention de constituer un État distinct de la République, qui eût eu les mêmes limites que le royaume de Christophe. C’était encore ce projet que reprenaient en sous-œuvre, Richard, Romain et leurs adhérens. Le Président était à peine retourné au Port-au-Prince, que, le 29 décembre, le général Magny lui adressait une lettre pour lui dénoncer ces généraux comme ourdissant des trames à cet effet. Profitant de sa position de commandant de la place du Cap-Haïtien, Richard était celui qui se mettait le plus en évidence pour égarer l’esprit des troupes du Nord et des populations. De concert avec ses complices, il comptait surtout sur le concours qu’ils trouveraient dans les 1er et 2e régimens d’infanterie, cantonnés au Cap. Ils saisirent l’occasion de l’apparition, devant le port, des