Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/248

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résulta la condamnation à mort de Ximenès et de trois autrès de ses principaux complices : ils furent exécutés. Sans doute, à cause de l’esprit religieux dominant dans cette partie jusqu’au fanatisme, le tribunal épargna le prêtre de la mort qu’il méritait et ne le condamna, ainsi qu’une vingtaine d’autres complices, qu’à une détention de quelques années. Boyer ajouta à cette clémence bien inspirée, en faisant interner tous ces condamnés dans plusieurs villes de l’Ouest et du Sud ; et, quelques temps après, il leur pardonna entièrement, en leur permettant de retourner au sein de leurs familles[1]. Ces actes de bonté, et la vigueur qu’avait mise le géneral Borgella dans l’arrestation des coupables on les faisant juger par le tribunal civil, au lieu d’une commission militaire, produisirent le plus heureux effet sur l’esprit public dans les deux départemens de l’Est, où il n’y eut jamais d’autres conspirations durant les vingt et une années de leur incorporation à la République d’Haïti, sous le gouvernement de Boyer.

Le discours du Président contenait ensuite ces passages :

« Cependant, il faut en convenir, notre situation politique, eu égard à l’étranger, est vraiment extraordinaire ; elle exige impérieusement une attention toute particulière, et commande ici la plus grande unanimité d’opinions. Cette vérité, quoique généralement reconnue, ne saurait être trop répétée ; car, lorsqu’il s’agit de la sûreté nationale, on ne saurait trop se prémunir, et l’enthousiasme général ne doit-il pas être sans cesse éveillé pour la défense d’un bien si précieux ? Nous avons déjà fait, sans avoir pourtant obtenu

  1. J.-J. Delmonte, doyen du tribunal civil, contribua beaucoup à ce jugement modéré. Ce magistrat éclairé et dévoué à la République s’inspira heureusement du système du gouvernement qui tendait toujours à l’indulgence envers ceux qui jouaient un rôle subalterne dans les conspirations, et le Président n’en conçut que plus d’estime pour lui.