Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/365

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cette formalité » ; aussi dit-on : entériner des lettres de grâce, de noblesse, etc. Mais, selon la constitution, le Sénat, corps politique, avait le pouvoir de rejeter ou de sanctionner, c’est-à-dire d’approuver ou de confirmer les traités faits par le Président d’Haïti avec les puissances étrangères. En adhérant d’abord à l’ordonnance acceptée par le Président, en procédant ensuite à son entérinement, le Sénat la ratifiait ; il l’approuvait ou confirmait, en lui donnant en quelque sorte la valeur d’un traité, bien que cet acte fût loin d’en avoir la forme.

Mais on se trouvait dans une situation anormale, créée par Boyer lui-même dans ses instructions de 1824 ; il fallait que le Sénat l’aidât à en sortir, et déjà, dans le conseil privé du 7, dix de ses membres avaient opiné en ce sens, sans avoir même eu une due connaissance de l’ordonnance. M. de Mackau paraît être celui qui, le premier, parla de son entérinement par le Sénat ; car il sentait que, sans cette formalité, la seule acceptation de cet acte par le Président d’Haïti ne serait d’aucune valeur aux yeux du gouvernement français. Le Président lui-même dut le désirer et le vouloir ainsi, afin de remplir, autant que possible, le vœu de la constitution, et de n’être pas seul responsable aux yeux du peuple haïtien, auquel l’ordonnance imposait des obligations et des charges pécuniaires, indépendamment de ses dispositions ambiguës et de ses termes qui étaient de nature à froisser la dignité nationale.

Enfin, selon le programme, dans la matinée du 11 juillet, les autorités militaires de la capitale et les généraux présens, les officiers du port et ceux des garde-côtes de l’Etat, le juge de paix et ses suppléans, et les membres du conseil des notables, se rendirent sur le quai pour y recevoir et complimenter M. de Mackau. Il quitta la frégate la Circé au