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protection, — le protectorat, — semblable à celui que la Grande-Bretagne exerce à l’égard des îles Ioniennes.

Quant à nous, nous pensons que la Restauration fondait encore plus d’espoir sur la mission confiée à M. de Glory ; car le parti religieux de cette vieille monarchie s’aveuglait tant sur sa puissance au cœur même de la France, où il finit par rétablir les jésuites, qu’il devait compter davantage sur l’aptitude d’un évêque à modifier les idées en Haïti, surtout ce prélat s’y présentant en qualité de vicaire apostolique envoyé par le Saint-Siège[1]. Aussi voit-on que M. de Glory précéda M. A, Dupetit-Thouars de quelques semaines au Port-au-Prince : le premier y arriva le 29 mars ; le second, le 16 avril, après être parti de France le 14 mars, quoiqu’il eût été expédié dès le 5 février.

Quoi qu’il en soit, M. Dupetit-Thouars attendit le retour de Boyer au Cap-Haïtien pour communiquer la mission dont il était chargé. Ce fut à Inginac qu’il s’ouvrit, le 4 mai, parce que le secrétaire général était revenu avant le Président. Assuré qu’il serait admis à présenter la lettre de M, Esmangart, du 5 février, adressée au Président, il en prépara une autre le même jour, 4 mai, qu’il lui fit remettre ensemble dès son arrivée au Cap : cette dernière qualifiait Boyer de « Président d’Haïti, » bien que le nom de Saint-Domingue y fût également employé pour désigner le pays.

Obligé à ne faire que « des ouvertures » au Président, en vrai diplomate, M. Esmangart lui disait : « que le gouver-

  1. Le 27 février 1821, au moment où M. de Glory se rendait à Haïti, une ordonnance de Louis XVIII donnait aux évêques de France la surveillance de tous les établissemens d’éducation et d’instruction publique, dans leurs diocèses respectifs. Le 3 juin, l’abbé de Frayssinous, jésuite, devint grand maître de l’Université. Les jésuites étaient déjà rétablis en France par l’influence de la faction religieuse qui porta le nom de Congrégation et qui domina le gouvernement français. On envoyait donc M. de Glory dans un but semblable.