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XLIII
SUR L’EMPEREUR JULIEN.

moi Chinois je n’aie pas été ; il ne sauroit produire un bâton, si ce bâton n’a pas deux bouts, car alors ce ne seroit plus un bâton ; il ne peut donc, par la même raison, n’aiant eu qu’un seul & unique corps, faire trouver ce même corps tout à la fois & tout en entier dans mille endroits divers, parceque cela est contraire a l’essence des choses que Dieu ne sauroit changer. »

Voilà sans doute comme raisonneroit le Chinois ; la veritê lui paroitroit ressember au mensonge, & son esprit prévenu ne verroit point la lumiere, s’il n’étoit éclairé & secouru par la grace ; le Christianisme ne lui paroitroit pas plus raisonnable que le Paganisme. Il faut que ce soit à cause de ces mêmes raisons, qui revolteroient le Chinois, que plusieurs hommes très illustres & très éclairés restèrent attachés au Paganisme, jusqu’à son entiere destruction, qui ne se fit point par la douceur & par la persuasion, mais par la force & par la violence. Simaque, ce fameux Prêteur de Rome, deffendit éloquemment la cause du Paganisme dans sa dernière décadence. C’etoit le plus bel esprit & le plus honnête homme de son siecle. Mais à quoi lui servoit son génie, pour sortir de l’erreur, dès qu’il étoit privé de la grace, par conséquent de la foi, sans laquelle les dogmes les plus saints du Christianisme ne peuvent être persuadés par tous les raisonnemens humains. Ecoutons S. Thomas, & pesons bien ses paroles.

« Si quelques Docteurs veulent démontrer les Articles
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