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LXI
SUR L’EMPEREUR JULIEN.

trente vicieux. Donc la seule preuve qui aurait été digne de la Divinité, manque à l’Eglise. Donc sa sainteté n’est point prouvée, & ne peut l’être par une chose, qui montreroit plutôt qu’elle n’est fondée que sur des vues humaines. Car enfin l’on juge de la bonté d’une cause par les effets que l’on en voit ; comment prononcer en faveur de la sainteté d’une chose qui produit dans tous les siecles les plus grands crimes, dont les hommes soient capables ? c’est vouloir croire qu’un Corps composé de membres pourris jouit de la plus parfaite santé.

Lorsqu’on considere les intrigues perpetuelles de la Cour de Rome, les persécutions, les injustices que les trois quarts des Papes ont faites, dont leur histoire est remplie, et qu’on ne sauroit nier sans se rendre ridicule : quand à la conduite des Papes on ajoute celle de la plus grande partie des Eveques, qui vivent dans le luxe & dans l’abondance, qui sont les plus attachés à la Cour qu’à leur Diocése, qui sous prétexte de la Religion persécutent ceux qu’ils n’aiment point, qui pour augmenter leurs revenus & leurs prérogatives sont très-souvent aussi mauvais Citoyens que mauvais Chretiens : quand on fait reflexion au peu de charité chretienne, qui regne dans les communautés ecclesiastiques qui se haïssent & se déchirent mutuellement, les Jesuites décriant les Benedictins, & les Pères de l’Oratoire ; ceux ci rendant l’échange aux Jesuites: les Dominicains enviant les Cordeliers jusqu’au point d’occasionner le schisme le plus grand

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