Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/151

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n’a pas la réputation de faire des vestales, je le sais, et on verra dans la suite de ces mémoires, que je le connais assez bien ; mais aussi il ne faut pas croire qu’il n’y ait pas des comédiennes sages. J’en ai connu plusieurs, sur le compte desquelles il n’y avait rien à dire ; et, pour justifier par dès exemples vivans mon opinion, je défie la médisance la plus maligne de trouver à redire sur la conduite de la Sallé et de la fille de Thomassin[1]. D’ailleurs Sylvie avait été élevée

  1. Mademoiselle Sallé était une excellente danseuse de l’Opéra. Elle alla en Angleterre en 1741 ; elle fut, à son retour, reçue pensionnaire du roi, pour les ballets. Elle mérita par son talent et par ses mœurs, disent les Anecdotes dramatiques, les applaudissemens et l’estime du public qui l’avait vue autrefois à l’Opéra-Comique. On fit ces vers sur elle.

    De son art enchanteur tout reconnut les lois.
    Dans Londres, dans Paris tout vola sur ses traces ;
    Elle fut sans égale, et parut à la fois
    Élève des vertus et rivale des Grâces.

    Voici d’autres vers composés par Voltaire.

    De tous les cœurs et du sien la maîtresse,
    Elle alluma des feux qui lui sont inconnus ;
    De Diane c’est la prêtresse,
    Dansant sous les traits de Vénus.

    L’honnêteté de cette actrice ne fut cependant pas