Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/180

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M. d’Andresel, qui était pour lors intendant du Roussillon, et qui fut peu après ambassadeur à Constantinople, m’envoya son carrosse à la porte de la ville ; nous nous y mîmes Crivelly et moi, et allâmes descendre chez lui ; il me dit qu’il était au désespoir que le roi lui eût envoyé une lettre de cachet pour me faire mettre dans la citadelle de Perpignan ; qu’il espérait que ce serait pour peu de temps ; qu’il voulait me conduire lui-même à M. de Montmejan, qui en était le gouverneur. Il vint effectivement avec moi, et me présenta. Le commandant me fit mille politesses ; il me retint à dîner avec M. d’Andresel, pria les officiers de la garnison de vouloir me recevoir à leur auberge, et me donna la citadelle pour prison, quoique la lettre de cachet portât un ordre de me renfermer.

Crivelly partit lorsqu’il m’eut établi dans mon nouveau domicile ; je n’y fus pas longtemps sans avoir des nouvelles de Sylvie. Je reçus plusieurs lettres de différentes personnes ; il m’en vint une entre autres du comte Baratieri, qui était sorti de prison, et qui me marquait qu’on parlait fort du mariage de Sylvie, que c’était l’intendante qui le faisait. Je traitai ces nouvelles de ridicules ; je pensais