Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/19

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elle était parente du roi ; il prit le parti de s’en aller brusquement, un soir que la princesse paraissait plus tendre qu’à l’ordinaire ; d’ailleurs, elle était laide et n’était pas jeune. Frédéric, qui sut cette aventure, en rit et fut si peu effrayé des conséquences qui en pouvaient résulter, qu’il voulut que le marquis rentrât au service de la princesse et l’accompagnât à son retour chez elle, pour ensuite revenir à Berlin.

« Le roi l’y reçut très-bien, dit M. Thiébault[1] ; tous les jours il le faisait inviter à dîner avec lui. La conversation était agréable et vive ; rien n’était, en apparence, plus flatteur et plus propre à satisfaire les vœux et l’ambition d’un philosophe. Mais les semaines s’écoulaient, et l’on ne parlait point de remplir les promesses d’après lesquelles le nouvel hôte avait quitté un poste moins brillant, mais suffisant pour ses besoins.

» Le marquis, après avoir cherché vainement le sujet de cette négligence et attendu six semaines, perd patience, et en entrant chez lui, un jour immédiatement après le dîné, il envoie au roi un billet conçu en ces termes :

  1. Souvenirs de vingt ans de séjour à Berlin, t. v, p. 336.