Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/42

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De son sein abondant t’offre des fleurs écloses,
Chaque fois, d’un bouquet de myrtes et de roses,
Souviens-toi d’orner mon tombeau. »


Les heureux événemens qui suivirent bientôt les vers de Frédéric, le tirèrent de l’embarras d’exécuter cette résolution, et forcèrent ses ennemis à en venir avec lui à des conditions de paix qui lui assurèrent ses États.

Mais quelle que fût l’opinion du marquis d’Argens, sur l’étrange confidence que lui faisait le monarque, il en fut réellement alarmé ; il se hâta de lui répondre, et employa tout ce que des hommes qui ne croient ni à Dieu, ni à l’immortalité de l’âme, ni à aucune espèce de révélation, pouvaient se dire en pareil cas, pour lui faire changer de sentiment.

Une autre lettre que le roi de Prusse lui écrivit après la bataille de Lignitz, gagnée par ce prince, le 15 août 1760, est une nouvelle preuve de l’importance qu’il mettait à l’amitié du marquis.

« Mon cher marquis, lui mande-t-il, l’affaire du 15 aurait autrefois décidé la campagne ; à présent cette action n’est qu’une égratignure. Il faut une grande bataille pour finir notre sort ; nous la donnerons, suivant toutes les ap-