Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

anecdotes de sa vie, dont il avait instruit, mais non édifié, l’Europe, dans les Mémoires qu’il en a écrits.

Il avait quelquefois des boutades qui, jointes aux assiduités qui le retenaient auprès de mademoiselle Cochois, le faisaient s’absenter de chez le roi, qui voulait avoir à souper les gens de lettres, avec la même régularité que ses secrétaires le matin à l’heure du travail.

Ayant fait demander au marquis pourquoi on ne le voyait point depuis quelque temps, il s’excusa en disant qu’il était malade. Le roi savait le contraire, et le parti fut pris de s’en venger.

Mademoiselle Cochois avait fait présent au marquis d’une belle robe de chambre (c’était avant leur mariage). Enchanté du présent, il voulut l’essayer à l’instant, et la trouva tellement à son gré, qu’il ne la quitta point de la soirée. Le roi cependant lui fait connaître une seconde fois qu’il l’attend le soir même à souper ; même réponse, qu’il est malade.

Frédéric pour dérouter les plaisirs de la société du marquis, imagina de lui faire dire qu’ayant appris le triste état de sa santé, craignant les suites funestes d’une maladie aussi