Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/246

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tait que Simonidès est un mauvais poète. J’ai de la peine à me contenir, je le fis pourtant d’abord. Alors je l’invitai à prendre une branche de myrte et à nous dire quelque chose d’Æskhylos. Il me répond tout de suite : « Je crois qu’Æskhylos est le premier des poètes, mais il est plein de fracas, incohérent, emphatique, escarpé. » Comment croyez-vous que mon cœur bondit à ces paroles ? Cependant je dis, en me mordant l’âme : « Eh bien, chante-nous quelque chose des jeunes, un joli passage. » Et lui de réciter aussitôt une tirade d’Euripidès, où un frère, qu’un dieu nous soit en aide ! viole sa propre sœur. Je ne puis plus me contenir ; je l’accable aussitôt de reproches durs et humiliants. À partir de ce moment, comme il arrive, nous nous rejetons paroles sur paroles ; il bondit sur moi, puis il me pétrit, m’étrille, m’étrangle, me broie.

PHIDIPPIDÈS.

N’avais-je pas raison ? Ne pas louer Euripidès, la sagesse même !

STREPSIADÈS.

La sagesse même ! Lui ! Ah ! si je pouvais parler ! Mais je serais encore battu.

PHIDIPPIDÈS.

Oui, par Zeus ! et je serais dans mon droit.

STREPSIADÈS.

Comment, dans ton droit ? Impudent ! C’est moi qui t’ai nourri, attentif, quand tu bégayais encore, à tout ce à quoi tu songeais. Dès que tu disais : « Brŷn, » je comprenais, et je te présentais à boire. Quand tu demandais : « Mammân, » j’arrivais et je t’apportais du pain. Je ne te