Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/468

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aurait-il pu devenir riche tout d’un coup ? Quoique, par ma foi, la foule des bavards assis chez les barbiers disent tous qu’il est devenu riche en un instant. Mais je suis étonné que, dans son bonheur, il se souvienne de ses amis et qu’il les envoie chercher. En vérité, il ne suit pas en cela les maximes de son pays.

CHRÉMYLE.

Au nom des dieux, Blepsidème, je ne veux rien te cacher : ma fortune est meilleure aujourd’hui qu’elle n’était hier ; il est juste que tu y aies part, car tu es de mes amis.

BLEPSIDÈME.

Il est donc vrai que tu es devenu riche, comme on le dit ?

CHRÉMYLE.

Je le serai assurément bientôt, s’il plaît à dieu, car il y a, il y a encore quelque difficulté pour cela.

BLEPSIDÈME.

Et laquelle ?

CHRÉMYLE.

C’est que.....

BLEPSIDÈME.

Dis vite ce que tu as à dire.

CHRÉMYLE.

Si une fois nous venons à bout de cette affaire, nous serons heureux à jamais ; mais si nous la manquons, nous sommes perdus sans ressource.

BLEPSIDÈME.

Voilà des circonstances qui ne me plaisent nullement. Être devenu riche tout d’un coup et avoir en même temps tant de frayeurs et tant de craintes, cela est d’un homme qui n’a rien fait de bon.