Page:Aristote - La Politique.djvu/155

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bonheur et de la vertu pour les familles et pour les classes diverses d’habitants, en vue d’une existence complète qui se suffise à elle-même.

§ 14. Toutefois on ne saurait atteindre un tel résultat sans la communauté de domicile et sans le secours des mariages ; et c’est là ce qui’a donné naissance dans les États aux alliances de famille, aux phratries, aux sacrifices publics et aux fêtes qui réunissent les citoyens." La source de toutes ces institutions, c’est la bienveillance, sentiment qui pousse l’homme à préférer la vie commune ; le but de l’État, c’est le bonheur des citoyens, et toutes ces institutions-là ne tendent qu’à l’assurer. L’État n’est qu’une association où les familles réunies par bourgades doivent trouver tous les développements, toutes les facilités de l’existence ; c’est-à-dire, je le répète, une vie vertueuse et fortunée. Ainsi donc, l’association politique a certainement pour objet la vertu et le bonheur des individus, et non pas seulement la vie commune.

§ 15. Ceux qui apportent le plus au fonds général de l’association, ceux-là ont dans l’État une plus large part que ceux qui, égaux ou supérieurs par la liberté, par la naissance, ont cependant moins de vertu politique ; une plus large part que ceux qui, l’emportant par la richesse, le cèdent toutefois en mérite.

§ 16. Je puis conclure de tout ceci qu’évidemment, dans leurs opinions si opposées sur le pouvoir, les riches et les pauvres n’ont trouvé les uns et les autres qu’une partie de la vérité et de la justice.