Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/184

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son propre fils ; ou croire qu’un javelot est garni par la pointe, tandis qu’il est armé d’un fer tranchant ; ou lancer une pierre dure, parce qu’on suppose que c’est une pierre ponce ; ou, en poussant quelqu’un, pour lui sauver la vie, le tuer ; ou porter un coup dangereux, en ne voulant que s’essayer à la manière de ceux qui préludent aux combats de la lutte et du pugilat. Dans tous ces cas, celui qui agit, ignorant quelqu’une des choses qui constituent son action, est censé l’avoir faite involontairement, et précisément dans ce qu’il y a d’essentiel ; or, ce qu’il y a d’essentiel, c’est sans doute le résultat et le motif. Mais à ces caractères d’ignorance, qui distinguent les actes qu’on appelle involontaires, doit se joindre encore un sentiment de peine et de repentir.

Puis donc qu’une action involontaire est l’effet de la contrainte et de l’ignorance, il semblerait que l’action volontaire serait celle dont celui qui agit, a en soi-même le principe déterminant, et dont il connaît tout le détail. Car peut-être est-ce à tort qu’on nomme involontaires les actions qui sont l’effet de la colère ou du désir. Et d’abord, il s’ensuivrait que les animaux et les enfants eux--

    tarque fait aussi mention de ce trait : « Voyez, dit-il, Mérope, dans la tragédie, ayant déjà levé la hache sur la tête de son fils, qu’elle croit en être l’assassin, et s’écriant :

    D’un coup plus saint je te frappe à mon tour.

    « Quel mouvement elle excite dans toute l’assemblée, etc. » (Plutarch. De Esu Carn. l. 2, § 3.)