Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/191

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précises ; et ainsi de tout le reste. Les arts prêtent plus à la délibération que les sciences, parce qu’ils donnent plus souvent lieu au doute. La délibération a donc pour objet les actions les plus ordinaires, mais quand le résultat en est incertain, et qu’elles n’ont rien de fixe et de déterminé : aussi, dans les circonstances importantes, nous aidons-nous des conseils des autres, n’osant pas nous en rapporter à notre propre discernement.

Au reste, on ne délibère jamais sur le but, mais sur les moyens qui s’y rapportent ; ainsi, un médecin ne met pas en question s’il doit guérir son malade, ni un orateur s’il doit persuader son auditoire, ni un législateur s’il doit faire de bonnes lois : en aucun genre on ne délibère sur la fin. Mais quand on s’est proposé quelque but, on examine comment et par quels moyens on pourra y arriver ; et dans le nombre de ceux qui semblent pouvoir y conduire, on considère quel est celui qui y conduira le mieux et le plus facilement. S’il n’y en a qu’un, on examine encore comment il produira le résultat proposé, et comment on trouvera ce moyen même, jusqu’à ce qu’on arrive à reconnaître la cause première, qui se trouve être ainsi le dernier terme de la recherche. Car celui qui délibère, semble, par le procédé qu’on vient de décrire, chercher quelque chose, et employer une sorte d’analyse pareille à celle dont on se sert dans les problêmes de géométrie.

Cependant toute recherche n’est pas une délibération : par exemple, celles des géomètres ; mais