Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Hermæum[1]. C’est que ceux-ci regardèrent la fuite comme un opprobre, et qu’ils aimèrent mieux mourir que de sauver leur vie par un pareil moyen : tandis que leurs auxiliaires mercenaires s’étaient d’abord exposés au danger, parce qu’ils se croyaient les plus forts : mais ayant reconnu leur infériorité, ils prirent la fuite, craignant plus la mort que la honte. Tel n’est pas l’homme d’un véritable courage.

On attribue aussi quelquefois au courage ce qui n’est que l’effet de la colère ; car on regarde comme des gens courageux ceux que cette passion emporte, comme les bêtes féroces qui s’élancent contre le chasseur qui les a blessées ; parce qu’en effet, les hommes courageux s’irritent facilement, et que rien ne porte plus que la colère à affronter les dangers. De là ces façons de parler si souvent employées

  1. « C’est la partie basse et unie de la ville de Coronée, en Béotie, où les citoyens s’étaient rangés en bataille, avec les soldats que les Béotarques [ou chefs militaires des Béotiens] avaient amenés à leur secours, tandis que le Phocéen Onomarque occupait la citadelle, qui lui avait été livrée par trahison. Les Coronéens, résolus de tenir ferme, et ayant même fermé les portes de la ville, pour ôter toute possibilité de fuir à ceux qui auraient été tentés d’abandonner leur patrie, furent tous tués par les troupes d’Onomarque. Mais les soldats béotiens prirent la fuite dès le commencement de la bataille, quand ils surent que Chiron, l’un des Béotarques, avait été tué. Ce fait est rapporté par Céphisodius, dans le douzième livre de son Histoire de la Guerre sacrée, par Anaximène, dans le quatrième de son Histoire des événements arrivés du temps de Philippe, et par Éphore. » (Scholiaste grec, cité dans l’édition de Mr Zell.)