Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/220

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et auquel se rapporte plus spécialement l’intempérance ; aussi semble-t-il être celui qu’on peut le plus justement mépriser, attendu que ce n’est pas comme hommes que nous le possédons, mais comme appartenant à la nature animale. C’est donc se rapprocher en effet de cette nature inférieure que d’aimer ces sortes de jouissances, et de leur accorder une préférence exclusive, puisqu’on se prive alors des plaisirs de ce genre qui sont les plus dignes d’une âme libre et élevée, comme ceux que l’on trouve dans les exercices du gymnase, où les sensations du toucher sont produites par les frictions et accompagnées d’une chaleur vivifiante[1] ; car ce n’est pas le corps tout entier, mais quelques-unes de ses parties seulement qui sont susceptibles des plaisirs qui caractérisent la débauche ou l’intempérance.

XI. Parmi les désirs, il y en a qui semblent communs à la nature humaine tout entière, et il y en a d’autres qui sont comme accidentels et propres à chaque individu. Ainsi, le désir de la nourriture est naturel ; car tout homme qui a faim ou soif désire des aliments ou des boissons, et quelquefois on peut éprouver ces deux besoins à la fois ; le besoin d’une compagne se fait sentir aussi, comme dit Homère[2], au jeune homme qui est à la fleur

  1. Les frictions dont on faisait usage dans les gymnases, dit ailleurs Aristote, contribuaient aussi à augmenter l’embonpoint, et à raffermir les chairs. Voy. Problem. 37, sect. 3, 5, 6.
  2. Voy. Iliad. ch, XXIV, vs. 129.