Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/230

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d’être affecté : elle convient particulièrement à la jeunesse. Elle est moins propre à l’âge avancé, parce qu’un homme de cet âge ne doit rien dire ou faire dont il ait à rougir. Cependant l’impudence est un vice : car on est réellement coupable quand on a commis des actions honteuses, et qu’on n’en rougit pas.





I. PARLONS maintenant de la libéralité, qui semble être une sorte de juste milieu par rapport à l’emploi des richesses. En effet, on ne loue l’homme libéral, ni dans les actions guerrières, ni dans celles qui caractérisent le tempérant, ni dans sa manière de juger ou d’apprécier les choses ; mais dans les occasions où il s’agit de donner ou de prendre de l’argent, ou plutôt lorsqu’il est question d’en donner. Or j’appelle richesses tout ce dont le prix peut s’évaluer en argent monnayé.

La prodigalité et l’avarice sont les noms donnés à l’excès ou au défaut relatifs à l’emploi des richesses ; et nous désignons ordinairement par le nom d’illibéral celui qui attache aux richesses plus d’importance qu’il ne faut, comme nous comprenons quelquefois sous celui de prodigue les débauchés et les intempérants, à cause du peu de modération qu’ils mettent dans les dépenses où les entraîne leur intempérance. Aussi semblent-ils être les plus méprisables des hommes, parce qu’ils réunissent plusieurs vices à la fois. Cependant, cette façon de s’exprimer manque de précision ; car le nom de prodigue ne doit désigner que l’homme qui a un seul vice, celui de dissiper sa fortune :