Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/249

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repas de noces ; et, s’il est chargé de faire les frais d’une comédie, il fera couvrir de pourpre l’entrée de la scène, comme font les Mégariens[1] : et il n’aura en cela nulle considération de ce qui est véritablement beau ; mais il ne voudra qu’étaler sa richesse, pensant se faire admirer par ce moyen. En un mot, il ne fera qu’une dépense mesquine, quand il faudrait en faire une considérable, et il prodiguera l’argent, dans les occasions où il suffirait d’une dépense fort ordinaire.

Quant à l’homme chiche et avare, c’est par défaut qu’il pèche dans tous les cas ; et même lorsqu’il fera les plus grandes dépenses, il leur ôtera tout ce qu’elles pourraient avoir de noble et de généreux, par des mesquineries de détail. Quoi qu’il entreprenne, il ne saura donner à rien le mérite de l’à-propos, à force d’hésiter dans ses résolutions, et de calculer tous les moyens de faire la moindre dé-

  1. Une scholie d’Aspasius (citée par Mr Zell) explique ainsi cette allusion aux Mégariens : « On les tournait en ridicule, dit-il, dans les comédies, à cause de leurs prétentions en fait de spectacles de ce genre, dont ils croyaient que l’invention leur était due ; attendu que Susarion, le premier qui eût fait des comédies, était de Mégare. Ici donc on les raille comme des acteurs froids, et détestables, qui aimaient à paraître sur la scène avec des robes de pourpre. » Le mot πάροδος, que j’ai traduit par l’entrée de la scène, et qui a en effet cette signification, comme on peut le voir dans les Remarques de Mr Coray sur Plutarque (In Demetr. t. 6, p. 341), signifie aussi le début, ou les premières paroles que prononce le chœur en paraissant sur la scène. (Voy. Aristot. Poetic. c. 12.)