Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/252

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aucune élévation d’âme, pèchent, l’un par excès, et l’autre par défaut. Celui qui aspire à tout ce qu’il y a de grand, et même de plus grand, s’il en est véritablement digne, aura donc principalement en vue, une seule chose. Au reste, le mot mérite se dit des biens extérieurs ; et l’on peut considérer comme le plus grand celui que nous attribuons aux dieux, qu’ambitionnent les hommes élevés aux dignités, et qui est comme la récompense proposée aux plus éclatants services ; en un mot, c’est l’honneur ; car il est au premier rang entre les biens extérieurs. Ainsi donc le magnanime est, surtout par rapport à l’honneur et au déshonneur, dans la disposition d’âme qui convient. D’ailleurs, il n’est pas besoin de beaucoup de raisonnements pour faire voir que le magnanime aspire essentiellement aux honneurs ; car tel est le sentiment de tous les grands hommes ; seulement ils les désirent en proportion de leur mérite. Mais celui qui a peu d’élévation dans l’âme n’a que des prétentions au-dessous de son mérite, et au-dessous de celles du magnanime. Quant à l’homme vain, sans doute il s’exagère sa propre valeur ; et, à cet égard, il pèche par excès, mais non pas à l’égard du magnanime. Celui-ci, s’il est digne des plus grands honneurs, sera sans doute l’homme le plus vertueux : car plus on a de mérite, plus on a droit aux honneurs, et par conséquent le plus vertueux est celui à qui sont dus les plus grands honneurs.

L’homme véritablement magnanime doit donc être vertueux, et il semble que ce qu’il y a de noble