Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/260

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dévoilée. Ils cherchent à attirer les regards par la magnificence de leurs habits, par leur air, leur démarche, et d’autres moyens de ce genre ; ils affectent de faire savoir au public les événements heureux qui leur arrivent ; ils aiment à en parler, s’imaginant que cela doit leur attirer une grande considération. Au reste, la bassesse d’âme est plus opposée à la magnanimité que la vanité sotte ; car elle se rencontre plus souvent, et elle est, en effet, plus dommageable à la société.

La magnanimité se rapporte donc, comme on l’a dit, aux honneurs et au plus haut degré de la considération publique[1].

IV. Mais il semble qu’il y a aussi en ce genre une vertu, comme on l’a dit au commencement[2], qui se rapprocherait, à quelques égards, de la magnanimité, et qui serait avec elle dans le même rapport que la libéralité avec la magnificence. Car l’une et l’autre des dispositions dont je parle ici, loin de nous porter à ce qui est grand ou important, nous retiennent, au contraire, dans un certain degré convenable d’attachement à tout ce qui est médiocre ou modéré. Or, de même qu’il y a un juste milieu, un excès et un défaut, relatifs au penchant qui porte, en général, les hommes à donner ou à prendre de l’argent ; ainsi l’on peut considérer, par rapport au désir des honneurs et

  1. Ce même sujet a été traité, avec beaucoup d’étendue, par Cicéron (De Offîc. l. i, c. 19,—c. 26).
  2. Voyez l. 2, c. 7.