Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/292

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ce qui intéresse l’homme sage et vertueux. Il est donc hors de doute qu’il y a plusieurs sortes de justice ; et qu’outre la vertu en général, il y a une vertu particulière qui en diffère. Il reste à déterminer ce que c’est que cette vertu ; et quelle elle est.

Or on a défini précédemment le juste et l’injuste, ce qui est conforme ou contraire, soit à la loi, soit à l’égalité ; et l’on a parlé d’abord de l’injustice qui consiste dans la violation des lois. D’ailleurs, comme inégalité et quantité plus grande ne sont pas la même chose, mais diffèrent l’une de l’autre, comme la partie diffère du tout (car, dans l’idée de quantité plus grande est sans doute comprise l’idée d’inégalité, mais on ne peut pas dire que tout ce qui est inégal soit une quantité plus grande), l’inégalité et l’injustice ne sont pas non plus la même chose ; mais l’une peut être considérée comme le tout, et l’autre comme la partie ; c’est-à-dire que l’injustice est, en quelque sorte, partie de l’injuste ; et enfin, puisqu’on en peut dire autant de la justice, il s’ensuit qu’on doit traiter de la justice et de l’injustice ; et aussi du juste et de l’injuste.

Laissons donc, quant à présent, la justice envisagée comme vertu universelle ou absolue, et l’injustice considérée sous le même point de vue ; dont l’une est l’emploi de la vertu en général, et l’autre la pratique du vice, aussi en général, à l’égard des autres. On voit dès-lors comment il faut distinguer le juste et l’injuste, conformément à ces deux points de vue. Car presque toutes les actions conformes