Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/293

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aux lois sont le résultat de la vertu en général ; puisque la loi ordonne qu’on suive, dans la conduite de la vie, tout ce qui est conforme à chaque vertu particulière, et qu’elle interdit tout ce qui peut être l’effet de chaque vice en particulier. Et même tout ce que la législation prescrit, relativement à l’instruction de la jeunesse, en vue du bien de la société, est propre à produire la vertu en général. J’aurai à examiner, dans la suite[1], si c’est à la politique, ou à quelque autre science, de donner les règles ou les préceptes d’où résulte la véritable et solide vertu dans chaque individu ; car peut-être n’est-ce pas la même chose pour tout homme d’être vertueux en général, et d’être un bon citoyen.

Quant à la justice de détail, s’il le faut ainsi dire, et à ce qu’on appelle juste sous ce rapport, il y en a une espèce qui s’applique au partage ou à la distribution des honneurs, des richesses, en un mot, de tout ce qui se distribue entre les membres d’une même société politique (car toutes ces choses peuvent être l’objet d’un partage égal ou inégal) ; et il y en a une autre espèce, destinée à conserver l’ordre et la régularité dans les transactions entre citoyens. Et même entre celles-ci, il y en a de volontaires et d’involontaires. Par exemple, les ventes, les achats, les prêts, [soit d’argent, soit d’effets], les cautionnements, les dépôts, les salaires, toutes

  1. Voyez la Politique (l. 3, c. 2).