Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/297

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donne la distribution ; et si la composition se fait de cette manière, la combinaison des deux rapports sera juste. Ainsi donc l’union ou la combinaison du terme A avec le terme C, et du terme B avec le terme D, est [le type ou la formule de] la justice distributive[1]. Le juste est ce qui tient le milieu entre deux termes qui s’éloignent ou s’écartent de la proportion : car la notion de proportionnalité comprend l’idée de moyen terme ; et celle de justice suppose l’idée de proportionnalité.

Les mathématiciens donnent à cette espèce de proportion le nom de géométrique ; car ce qui la caractérise, c’est qu’il y ait même relation entre un rapport tout entier, et l’autre rapport, aussi tout entier, qu’entre les deux termes de chaque rapport[2]. Toutefois ce n’est pas une proportion continue ; car la personne et la chose ne peuvent pas être exprimées par un seul et même terme en nombre[3].

  1. Si A représente l’une des personnes, ou le degré de mérite de cette personne, et B l’autre personne, ou son degré de mérite, et si C représente la part de la personne A, et D celle de là personne B, il est clair que les deux formes que notre philosophe donne à la proportion dont il se sert, sont également légitimes, soit que l’on compare le degré de mérite au degré de mérite, et la part de l’un à la part de l’autre, ou le degré de mérite de chacun à la part qu’il obtient, ce qu’Aristote appelle ici le rapport tout entier.
  2. C’est-à-dire, en termes d’arithmétique, qu’il y a même rapport entre la somme des antécédents et celle des conséquents, qu’entre l’un des antécédents et son conséquent.
  3. En nombre, dans le langage d’Aristote, et de la philoso-