Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/317

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car, lorsqu’il est volontaire, on le blâme, et c’est alors qu’il est en même temps un acte véritablement injuste. En sorte qu’il pourra exister quelque chose d’injuste, qui pourtant ne sera pas encore un acte injuste, si la condition d’être volontaire ne s’y joint pas.

Or j’appelle volontaire, comme il a été dit précédemment[1], ce qu’un homme fait, quand cela dépend de lui, sachant bien et n’ignorant pas à qui, par quel moyen, ni pourquoi il le fait : par exemple, qui il frappe, avec quel instrument, pour quel motif, et ainsi des autres circonstances ; et non pas par accident ou par force, comme si un homme, dont on saisit [et dont on pousse] la main, frappait une autre personne, sans le vouloir, puisque cela ne dépend pas de lui. Il pourrait même arriver que la personne qu’il frappe fût son père, et qu’il sût que c’est un homme, ou même quelqu’une des personnes présentes, mais qu’il ignorât que c’est son père. Supposons des distinctions du même genre, établies par rapport au motif et à toutes les circonstances de l’action : assurément, puisqu’elle ne dépend pas de celui qui la fait, et qu’il y est contraint, soit qu’il ignore ou qu’il n’ignore pas ce qu’il fait, son action est involontaire. Car nous faisons et nous souffrons, avec pleine connaissance, bien des choses qui sont dans le cours ordinaire de la nature, sans qu’il y ait de notre part rien de volontaire, ni d’involontaire ; c’est

  1. Voyez ci-dessus l. 3, c. 2.