Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/318

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ainsi, par exemple, que nous vieillissons et que nous mourons.

Cependant il y a aussi de l’effet des circonstances dans les actions justes et injustes ; car, si un homme restitue un dépôt, malgré lui et par crainte, on ne dira pas qu’il fait une action juste, ni qu’il pratique la justice ; sinon, par accident. Et pareillement il faudra dire que c’est par accident que celui qui se voit forcé, contre son gré, à ne pas rendre un dépôt, fait une action injuste, ou viole la justice.

Or, entre les actions volontaires, il y en a que nous faisons par choix ou par préférence, et d’autres sans détermination prise à l’avance ; nous faisons par choix celles qui sont le résultat d’un dessein prémédité, et sans choix ou sans préférence, celles sur lesquelles nous n’avons point délibéré.

Comme il y a trois manières de nuire aux autres dans le commerce de la vie, les fautes que l’on commet par ignorance ont lieu lorsqu’on n’a réfléchi ni sur la personne, ni sur les moyens, ni sur la manière, ni sur les motifs de son action. Car, ou bien l’on ne croyait pas porter un coup, ou bien ce n’était pas avec cet instrument, ou à cette personne, ou dans ce dessein ; mais l’événement a été tout autre qu’on ne croyait. Par exemple, ce n’était pas pour blesser, mais pour faire une simple piqûre ; ou bien ce n’était pas cette personne-là, ou de cette manière-là.

Lors donc que le dommage a eu lieu contre l’in-