Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/320

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qu’il n’ait oublié ses engagements. Ici, au contraire, on convient du fait, mais on conteste pour savoir s’il y a justice, ou non. Celui qui a attaqué sait bien qu’il l’a fait, mais il croit avoir été provoqué par un outrage reçu, et l’autre ne le croit pas[1]. Mais, si c’est à dessein et avec préméditation que le dommage a été causé, son auteur commet une injustice ; et celui qui se rend coupable de tels actes, est injuste, soit qu’il viole les lois de la proportion, ou celles de l’égalité : de même, on est juste, lorsqu’on pratique la justice à dessein et avec réflexion ; et on la pratique ainsi, pourvu seulement que l’action soit volontaire.

Quant aux actions involontaires, les unes sont dignes de pardon, et les autres ne le sont pas. Car non-seulement toutes les fautes que l’on commet sans le savoir, mais aussi celles dont l’ignorance est la cause, sont excusables ; au lieu que toutes celles que l’ont commet, non pas, à la vérité, par ignorance, mais sans le savoir, parce qu’on se laisse égarer par quelque passion qui n’est ni naturelle, ni dans l’humanité, sont impardonnables.

IX. Il pourrait, cependant, rester encore quelque doute sur l’exactitude des notions que nous avons attachées aux expressions souffrir l’injustice

  1. « On peut être coupable d’injustice, dit ailleurs notre philosophe (Problem. xxxix, sect. 13), non-seulement avec intention, mais aussi par colère, par crainte, par passion, et par beaucoup d’autres causes : mais, la plupart du temps, il y a du dessein ou de l’intention dans une plainte injuste.